mercredi 31 mars 2010

01 - Bienvenue sur mon boulevard

« Bienvenue sur mon boulevard, quand vient ma nuit, quand ma raison s’égare, pauvres paumés recalés de l’espoir, compagnons du blues et du dérisoire… »

Je m’appelle Hannah Faive, j’ai vingt-trois ans, je suis étudiante en droit à l’université de Nanterre et je vais vous parler de ma vie. A vrai dire, c’est rare que ça m’arrive, mais mon médecin me l’a conseillé. J’ai donc décidé de jouer le jeu, en espérant que cela me permettra de retrouver un zeste de normalité.

Cela fait maintenant treize ans que j’ai emménagé avec ma famille dans la résidence de la fontaine grelot, au dernier étage d’un immeuble de taille moyenne dans la ville de Bourg-la-Reine. C’est une des plus petites communes du 92 ; coupée en deux par la RN20, relativement bourgeoise. Cette ville est surtout sans histoire ou tout du moins, elle l’était. Si je préfère employer l’imparfait à ce sujet, c’est qu’il m’y est arrivé quelque chose d’étrange, quelque chose d’absolument incroyable, quelque chose à quoi peu d’aventuriers oseraient seulement rêver. Ma vie, mes certitudes et mes illusions s’en sont retrouvées complètement ébranlées.

Soyez donc les bienvenus dans un monde où les rois sont exécutés, où tous les anges ne sont pas blancs comme neige, où la fiction flirte dangereusement avec la réalité, bienvenue chez moi... Mon histoire est celle d’une partie d’échecs qui a démarré il y a plus de cinq siècles et qui, aujourd’hui, n’a jamais été aussi proche de l’échec et mat.

On a coutume de dire que dans l’écriture, la première page est ce qu’il y a de plus difficile à écrire. On n’est jamais très sûr de bien prendre la mesure de nos mots. Je commencerai donc par une phrase de mon ancien prof de philo qui avait l’habitude de définir le bonheur comme quelque chose de fragile, léger et volage. Peut-être était-ce parce que j’étais très heureuse à cette époque, j’ai trouvé cela abstrait et abscond. Il aura fallu que j’en prenne conscience par moi-même pour comprendre que ce n’était pas aussi stupide que je le pensais. Si vous saviez combien je regrette aujourd’hui d’avoir pris conscience trop tard de combien ma vie était merveilleuse…

Tout a commencé en mai 2011, le mercredi 18 au soir. La chaleur était assez pesante et le vent chaud incitait à boire… Il y avait quelque chose dans l’air… Quelque chose de bizarre…

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